Macky Sall le putschiste

Beaucoup d’observateurs sénégalais s’y attendaient et avaient même tiré la sonnette d’alarme. En annonçant avoir abrogé le décret convoquant le collège électoral pour l’élection présidentielle -à laquelle il ne sera pas et ne peut être candidat- du 25 février 2024, Macky Sall a confirmé craintes et mises en garde.

Une élection, il n’en voulait guère. Ce qu’il a commis n’est rien d’autre qu’un coup d’état qui met fin à l’exception sénégalaise en Afrique. Ne pervertissons pas les mots. Initié par un militaire ou un civil, un coup d’état reste un coup d’état, il s’agit juste d’une prise de pouvoir par la force. Aucun vote de l’assemblée nationale pour proroger le mandant de 3, 6 ou un an ne pourrait légitimer le pouvoir de celui qui veut asservir le Sénégal. Ironie du sort, c’est ce même putschiste qui était l’un des deux va-t-en-guerre de la Cedeao décidés à aller déloger les militaires Nigériens pour réinstaller Mohamed Bazoum.

Le cas « Karim Wade » n’est qu’un subterfuge. Celui-ci n’a pas l’envie, encore moins la volonté de candidater à la présidentielle. S’il avait le courage de demander le suffrage des Sénégalais, il serait revenu à Dakar depuis longtemps pour en découdre sur le terrain. Au contraire, il se morfond dans les palais qataris, laissant à des nostalgiques des festins de l’ère Abdoulaye Wade – son père et président de 2000 à 2012- le soin de servir de marionnettes à Macky Sall, qui cherche par-dessus tout à pérenniser un pouvoir à bout de souffle et honni par l’écrasante majorité du pays. Plus sidérant encore, a-t-on déjà vu en Afrique un président batailler pour soutenir la candidature d’un opposant ?

Le futur ex-président du Sénégal sait pertinemment que ni lui ni un de ses poulains, qui qu’il soit, ne sont en mesure de l’emporter devant Ousmane Sonko ou toute autre personne choisie et soutenue par ce dernier. Sa seule solution était de fomenter ce minable coup d’Etat.

Il est clair que si les Sénégalais épris de Justice et de Liberté laissent faire, Macky Sall décrètera quand il faudra manger, aller au lit, se doucher et même, selon ses humeurs, faire ses besoins. Sa volonté d’instaurer la dictature au Sénégal ne souffre d’aucun doute. Depuis quelques années, il en pose les jalons sans coup férir. Des centaines de jeunes, des leaders politiques et des membres de la société civile croupissent dans les prisons ; des manifestants pacifiques sont tombés sous les balles de policiers, gendarmes et nervis armés par le parti au pouvoir ; la presse est bâillonnée.

Dans un tel contexte, l’indifférence équivaut à la lâcheté. Macky Sall doit partir. Au plus vite.