Le cinéma camerounais connaît un renouveau sans précédent. Une nouvelle génération de réalisateurs, jeunes, audacieux et créatifs, s’impose progressivement sur la scène internationale. Leur vision, ancrée dans les réalités locales mais portée par une narration universelle, séduit les festivals du monde entier. Ces cinéastes ne craignent pas d’aborder des sujets complexes : la jeunesse désorientée, la mémoire coloniale, la place de la femme, l’exil, ou encore les conflits intergénérationnels. Ce réalisme brut et cette volonté de raconter l’Afrique de l’intérieur, avec ses contradictions, ses beautés et ses luttes, marquent un tournant majeur dans l’histoire du 7e art camerounais.
Dans cette dynamique, des noms comme Rosine Mfetgo Mbakam, Jean-Pierre Bekolo ou encore Eystein Young Djamba émergent comme des figures emblématiques. Leurs œuvres voyagent, interpellent, bousculent. Le documentaire « Les Mains sur les Yeux », par exemple, a bouleversé le public par sa sensibilité et sa profondeur. Bien qu’évoluant dans un environnement où les financements sont rares, où les structures de production sont fragiles et où les salles de projection manquent, ces talents trouvent des solutions. Grâce aux réseaux sociaux, aux plateformes de diffusion indépendantes et aux soutiens ponctuels de partenaires internationaux, ils parviennent à faire exister leurs œuvres.
Le public, quant à lui, répond présent. Dans les quartiers, les projections attirent les foules. Les débats s’animent, les jeunes s’identifient. Le cinéma redevient un espace de dialogue et de réflexion collective. C’est un moyen d’expression puissant, une manière de reprendre la parole sur son histoire, sur son quotidien, sur son avenir. Bien sûr, des défis persistent : l’accès à des formations techniques, la reconnaissance institutionnelle, le développement d’une véritable industrie. Mais une chose est sûre : la passion est là, le talent aussi. Et le monde commence enfin à le voir.
