Game is over pour la dynastie Bongo
Après 14 ans de pouvoir et près de 35 ans aux affaires -il a été conseiller de son père Omar, député, ministre des affaires étrangères, ministre de la défense-, Ali Bongo a été déposé dans la douceur, mercredi 30 août 2023, par le Général Brice Oligui Nguema, commandant de la garde présidentielle et désormais Président de la transition. Trente minutes plus tôt, vers 4 heures du matin (heure gabonaise), il venait pourtant d’être déclaré vainqueur de l’élection présidentielle aux dépens d’Albert Ondo Ossa.
N’eût été le coup de force réussi, le scénario classique dans beaucoup de pays africains allait se reproduire : les chancelleries occidentales, l’Union Africaine, l’Union Européenne, l’Onu et quelques chefs d’état amis allaient envoyer les traditionnels messages de félicitation pour conforter Ali Bongo dans son rang de président pour un nouveau mandat de sept ans ; les citoyens dépités allaient sortir manifester leur colère, et les militaires en tuer quelques-uns pour ramener le calme, tout cela accompagné d’appels à la retenue, sans conviction, des mêmes organisations internationales et continentales.
Pourtant, observateurs, connaisseurs de la vie politique gabonaise et hauts responsables du pays savent pertinemment que Bongo a bel et bien perdu cette élection comme ce fût le cas en 2016 devant Jean Ping. Le fait nouveau est que ses proches sont conscients que le « nouveau ex-président » du Gabon est dans l’incapacité de gouverner depuis son accident vasculaire cérébral survenu en octobre 2018. Pour éviter le ridicule, le général Nguema a pris ses responsabilités en coupant l’herbe sous les pieds de la multitude de clans qui se faisaient la guerre pour le contrôle du pouvoir.
La mollesse des condamnations des organisations internationales et le silence assourdissant des pays voisins membres de la Communauté économique des états de l’Afrique Centrale (CEEAC) sont comme un signe de soulagement face à une situation ubuesque. Soulagement renforcé par le fait que les nouvelles autorités gabonaises ne semblent remettre en question ni le mode de gestion du pays ni les rapports avec les « partenaires étrangers », contrairement au Niger, toujours menacé de représailles militaires et qui subit toute sorte de sanctions depuis l’éviction de Mohamed Bazoum par les militaires. Ainsi, le cynisme et l’hypocrisie de cette fameuse « communauté internationale » sautent aux yeux car un coup d’état est un coup d’état, quel que soit le pays. Au final, ce sont toujours les peuples africains qui sont les dindons de la farce.
Lassés par la mal gouvernance d’un régime monarchique qui a régné près de 60 ans, l’accaparement des richesses par un groupe d’individus, des conditions de vie toujours aussi désastreuses et les brimades quotidiennes, les Gabonais pourront, à défaut de voir le président légalement élu, en l’occurrence Albert Ondo Ossa, s’installer au Palais du bord de mer, se satisfaire d’un changement de tête sur les photos officielles, en attendant d’être édifiés sur ce que leur réserve les nouvelles autorités.
A.D.N