Sénégal : la maturité d’un peuple

A 44 ans jour pour jour, Bassirou Diomaye Diakhar Faye est élu président de la république du Sénégal. Avec près de 58% des suffrages exprimés (résultats provisoires), il distance de très loin ses adversaires, dont Amadou Ba, candidat de la coalition Benoo Bok Yakaar dirigée le président sortant Macky Sall, qui n’a obtenu que 31%. Les autres se situent entre 2,5 et 0,1%.

Diomaye devient ainsi le plus jeune président du Sénégal depuis l’accession du pays à l’indépendance en 1960.

Cette élection met fin -on le souhaite- à une violente bagarre politique entre le pouvoir sortant et Pastef, avec à sa tête son leader Ousmane Sonko que Macky Sall voulait impérativement écarter de la présidentielle afin que sa formation politique, l’Alliance pour la République (APR), puisse continuer de régner sur le Sénégal. Sonko a été effectivement bridé grâce à des acrobaties juridiques digne d’un polar, mais il a fait preuve d’intelligence et d’ingéniosité pour placer un de ses dauphins sur la liste des candidats. La victoire de Diomaye, c’est la tienne, mais aussi celle d’une large frange de la population, principalement la jeunesse qui a versé du sang, de la sueur et des larmes tout au long des trois années de folie vécues par le Sénégal.

Le triomphe de Diomaye et Sonko, c’est aussi celui de tous les démocrates Sénégalais, de tout bord, qui ont fait face à toutes les tentatives de confiscation des libertés publiques par un pouvoir devenu sourd et aveugle.

Oui, nous avons eu peur, très peur même, que le pays sombre dans la guerre civile à cause de thèses ethnicistes et régionalistes développées par les thuriféraires de Sall, qui n’a pas fait beaucoup d’efforts pour éteindre le feu, juste parce que l’élimination de Sonko était une affaire personnelle, une obsession. Donc la nature des moyens mis en œuvre importait peu. Ce n’est que très tard qu’il s’est aperçu que sa stratégie était vouée à l’échec.

Bref, les socles de notre société ont tangué, mais ils ont résisté grâce à la maturité d’un peuple qui a fait un choix décisif de voter en masse pour le candidat de la Rupture. Aujourd’hui, le Sénégal savoure le calme retrouvé, entend sortir des sentiers battus et scrute l’avenir avec optimisme. Néanmoins, il n’oubliera pas les dizaines de morts, les centaines de blessés et les milliers de jeunes injustement embastillés pendant de longs mois, dans des conditions épouvantables.

Niani bagne na !

A.D.N