Un modèle démocratique à inventer
Parfois, nous avons comme l’impression que l’Afrique marche dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Pendant que le Sénégal est applaudi un peu partout dans le monde suite à la nouvelle alternance qui a porté Bassirou Diomaye Faye à la tête du pays, des dirigeants de plusieurs états du continent montrent qu’ils n’ont nullement envie de réponde à l’appel des populations à plus de démocratie.
A l’approche des élections présidentielles de 2025, les autorités camerounaises veulent fermer l’espace à l’opposition et au débat public en annonçant l’interdiction des coalitions.
Cette sortie musclée est une réponse à Maurice Kamto, patron du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), qui a profité de sa réélection à la tête de son parti pour annoncer la création de l’Alliance politique pour le changement.
Au Togo, le président Faure Ngassingbé a fait adopter une nouvelle constitution prévoyant que le Chef de l’Etat sera élu par l’Assemblée Nationale. Ce passage d’un régime présidentiel a un régime parlementaire préfigure un nouveau mandant pour l’actuel président qui a déjà bouclé 19 ans à la tête du pays.
Au Mali, les militaires ont suspendu les activités des partis et organisations politiques jusqu’à nouvel ordre pour des raisons d’ordre public. En clair, les élections réclamées à cors et à cris ne sont pas pour bientôt. Leurs camarades du Burkina et du Niger, tout aussi préoccupés par la guerre contre le terrorisme, sont dans le même état d’esprit.
Même si la situation de ces trois pays diffère de celle du Cameroun, du Togo et de bien d’autres pays africains, à l’instar des « républiques monarchiques » de l’Afrique centrale, il est évident que le continent a du mal à s’inscrire dans une logique de changement pacifique de régime par la voie des urnes. Et même si des scrutins sont régulièrement organisés, le pouvoir en place s’arrange toujours pour les remporter en usant souvent de la force ou de la complicité d’une justice aux ordres.
Certes le modèle démocratique appliqué dans le reste du monde n’est pas le plus abouti, mais il est inadmissible que, au 21ème siècle, les populations africaines ne soient pas associées à la gestion de leurs pays respectifs, d’une manière ou d’une autre. Cette situation constitue le ferment de la frustration et, au-delà, des conflits, ouverts ou latents, qui brident le développement du continent.
A.D.N