Grand Tortue Ahmeyim : Le Sénégal et la Mauritanie accordent leurs violons

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Diakhar Faye a effectué, jeudi 18 avril 2024, sa première visite à l’étranger en Mauritanie. C’est la première fois depuis l’indépendance du pays, qu’un président du Sénégal nouvellement élu se rend, pour son premier déplacement, dans un pays autre que la France. Le choix de Diomaye Faye consacre la « rupture systémique » annoncée dans son discours d’investiture, confirmant ainsi l’orientation du Pastef.

Le président Faye s’est rendu en Gambie le 20 avril et promet de faire, très prochainement, le tour des autres pays voisins (Mali, Guinée Conakry et Guinée Bissau). Pour le moment, aucune réponse n’a été donnée à l’invitation adressée verbalement par Emmanuel Macron à Faye et à son premier ministre Ousmane Sonko. Le président français se contentera, en attendant, de l’entretien téléphonique qu’il a eu avec son homologue sénégalais, le 29 mars, après la publication définitive des résultats de l’élection présidentielle.

Avec cette visite à Nouakchott, le président sénégalais a fait d’une pierre deux coups.

Le premier est qu’il a rencontré le président en exercice de l’Union Africaine, Mohamed Ould El Ghazouani. Ce faisant, il pourra s’imprégner très rapidement des gros dossiers qui préoccupent l’organisation continentale.

Le second concerne les discussions sur la coopération bilatérale et plus particulièrement le projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA). Avant et pendant la campagne électorale, le candidat Faye – suivant la ligne de son parti- avait émis la volonté de renégocier tous les contrats gaziers, pétroliers et miniers signés par Macky Sall.

Le Sénégal ne renonce pas à renégocier le contrat

La position des nouveaux dirigeants sénégalais n’a pas changé. Reste à savoir si les deux pays seront sur la même longueur d’onde d’autant plus que la Mauritanie n’a, jusque-là, jamais remis en question les contrats signés avec BP et Kosmos.

Le contenu du tête-à-tête entre les deux présidents et celui des discussions élargies aux deux délégations élargies n’est pas rendu public. Selon un consultant sénégalais, « rien ne pouvait être décidé quant à l’opportunité ou non de renégocier les contrats liant le Sénégal et la Mauritanie, d’une part, et les majors BP et Kosmos. Il s’agissait d’abord d’une prise de contact entre les deux chefs d’état pour échanger sur différents sujets. Si renégociation il y a, la décision sera basée sur des études sérieuses. En quelques sorte, ce sont des expertises techniques, juridiques et financiers qui devront aiguillonner les présidents Faye et Ould El Ghazouani ».

Néanmoins, nous savons que les deux états avaient demandé d’un commun accord un audit du coût des investissements. C’est la Mauritanie qui avait pris l’initiative. Macky Sall, alors président du Sénégal, avait donné son accord.

Aux dernières nouvelles les premiers résultats de l’audit sont en possession des autorités des deux pays. Il semble que le coûts des investissements annoncés est supérieur aux réalisations. En somme, le Sénégal et la Mauritanie sont en position de force pour demander des comptes à BP et Kosmos.

A.D.N